La méthode Montessori adaptée développée par Cameron Camp remet l’humain et la personne au devant de la scène  … et même dans les situations supposées difficiles, ça fonctionne ! Apprendre à se retrouver et à partager, revenir à l’essentiel, et être ensemble face la maladie au travers d’actions concrètes constituent les clés … mais pas seulement. Disposer d’activités qui font sens et résonnent avec l’histoire et le caractère de notre proche, activités où faire des choix redevient possible, où être acteur et retrouver un rôle social malgré la maladie est une réalité. C’est un peu tout ce qui m’a séduit dans cette méthode et dont je peux voir les bénéfices auprès des résidents que j’accompagne au jour le jour dans mon travail auprès d’eux, des familles, et des équipes.

Voici un simple exemple d’intervention individuelle basée sur des principes montessoriens qui a permis d’éviter à un homme une prescription de neuroleptiques et de retrouver des capacités a priori perdues … pendant un temps de douche. Voici les faits : J’ai été sollicité (en tant que psychologue) pour donner mon avis concernant un résident de notre EHPAD qui avait cogné à plusieurs reprises, par coups de poings et coups de pieds, des aides-soignantes au moment de prendre la douche. Cet homme, ancien ingénieur plutôt coquet et charmeur, sportif et sociable, a toujours aimé être au centre de l’attention. Sa maladie était alors à un niveau modérée avec néanmoins une aphasie importante (presque plus de mots). Bien que ce ne soit pas habituel pour un psychologue, j’ai proposé aux aides-soignantes de chaque équipe de m’accompagner pour ce moment. J’ai abordé notre homme sur un ton et une attitude plutôt familière, lui précisant qu’il avait une visite l’après-midi (c’était bien sûr vrai) et qu’on allait se préparer et se faire « beau-gosse ». La transposition des principes montessoriens sur le temps de douche lui a permis de réaliser ce moment avec plaisir, en bonne autonomie (et donc sans presque aucune aide directe) mais aussi de retrouver des aptitudes supposées perdues. Il a ainsi pu se servir de son gant de toilettes alors qu’il ne le faisait plus depuis des mois, et s’est même pas trop mal rasé ! Au final, pour « le prix » d’un peu de temps, de quelques gouttes d’eau et d’un peu de mousse à raser sur mon visage (les démonstrations des actions sont très importantes), cet homme n’a pas reçu de neuroleptiques alors que les équipes l’avait demandé, les soignantes ont changé leur regard sur son autonomie et plus que tout … nous avons passé un bon moment !

J’aurais en fait beaucoup à témoigner, tant concernant les activités de stimulation que les activités de groupes mais il me semblait important de souligner que la philosophie montessorienne dans la démarche de Cameron Camp et proposée par AG&D, peut recouvrir de nombreux champs liés au maintien de l’autonomie au quotidien… et que cela peut se faire en y prenant plaisir !

Alain Ilan Elgrabli,

Psychologue clinicien,

Docteur en Psychologie