Lausanne, septembre 2015

La première fois que j’ai entendu parler de la méthode Montessori pour les personnes âgées souffrant de troubles cognitifs, je me suis interpellée.
Comment une méthode adaptée à des enfants pouvait être appliquée à des personnes du troisième voir quatrième âge ? N’avait-on pas un risque d’infantiliser les résidents ?
Ma participation à un symposium organisé par le groupement de praticien en psychogériatrie (GPPG) dont je fais partie en tant que membre du comité, a été le déclencheur d’une nouvelle vision de l’accompagnement de la personne âgée hébergée.
Cette journée d’informations et d’échanges passée en compagnie du Dr Camp, a très rapidement effacée mes craintes.
J’ai senti que c’était « la méthode » qui manquait à l’institution pour avoir un modèle de mise en œuvre de notre concept institutionnel qui est basé sur »l’être chez soi ». En effet la méthode Montessori, répond entièrement aux critères de notre réflexion qui est le sentiment de sécurité, d’intimité et d’identité. Ce dernier point, l’identité, n’était pas toujours facile à mettre en œuvre au quotidien dans notre institution. Montessori nous a permit d’avoir l’outil manquant dans notre réflexion et nos pratiques.
Qui peut mieux accueillir un nouveau résident dans une institution que celui qui y vit ? Qui peut mieux parler du quotidien dans l’institution que celui qui y vit ? Qui peut mieux dire ce dont il a besoin que le résident lui-même ?
Les soignants, dont j’ai fait longtemps partie, pensent qu’ils savent toujours mieux ce qui est bon pour les autres. En tant que soignant ou accompagnant, nous avons été formé pour soutenir, aider, palier, voir remplacer quant cela n’est plus possible, les actes de la vie quotidienne. Mais avons-nous seulement posé la question au résident ce qu’il désire pour lui ? Pourquoi n’avons-nous pas pensé plus tôt que les résidents étaient acteurs de leur avenir ? Est-ce parce que nous pensions (à tort) que les résidents n’étaient plus capables, au vu de leur troubles cognitifs de choisir ce qui est bon pour eux ?
Pour moi cette réflexion sur les ressources préservées a été centrale. En effet en tant que directrice d’un établissement, ma préoccupation première est le bien-être des résidents et la qualité des prestations offertes. Avec la méthode Montessori qui consiste à « aider à faire seul », ma vision de la personne âgée hébergée a totalement changée. Par ricochet, cela a donné une dynamique nouvelle au sein des équipes, une motivation supplémentaire et une vision du travail enrichie.
L’image de l’établissement dans le réseau institutionnel s’est modifiée, car à plusieurs occasions, l’institution a été sollicitée pour présenter la méthode Montessori lors de conférences ou de reportage télévisé. Cette visibilité a également apporté une grande fierté aux collaborateurs de travailler avec cette méthode et donne un positionnement stratégique qui est très motivant. Cela valorise grandement le travail de chacun.

Au quotidien Montessori a apporté pour les résidents :
• Un sens à leur vie et un but dans leur quotidien. Ils se sentent acteur de la vie dans l’établissement, de la même manière que si ils vivaient encore dans leur appartement.
• Une augmentation de l’estime de soi, se sentir « utile », avoir un but dans la journée.
• Une plus grande envie de vivre.
• Pour 2 résidents, une diminution de leurs psychotropes.
Au quotidien Montessori a apporté aux collaborateurs :
• Du sens à leur travail au quotidien.
• Une augmentation de leur motivation au travail.
• Une énergie et un état d’esprit positif.
• Un regard différent sur les capacités restantes des résidents.
• Une envie grandissante d’améliorer la qualité de vie des résidents.
Au quotidien Montessori a apporté à l’institution :
• Un positionnement positif au niveau de l’image que donne notre institution dans le réseau des établissements.
• Un « état d’esprit » qui rayonne dans tous les secteurs d’activité et qui renforcent l’interdisciplinarité. Chaque secteur se sent plus impliqué auprès des résidents et donne une nouvelle dimension au travail des collaborateurs.
• Un concept claire, facile à comprendre et simple, mais pas « simpliste » et applicable par tous les collaborateurs.
Au quotidien Montessori m’a apporté en tant que directrice :
• Une valorisation du travail des collaborateurs à travers un accompagnement différent et positif.
• Un regard différent sur les résidents et leur capacité cognitive.
• Une mise en pratique de notre cadre de référence institutionnelle.
• Une énergie positive et dynamique au sein de l’institution.
• De dire que tout est possible, même les projets les plus incroyables

Véronique Gafner, infirmière ayant travaillé plus de 20 ans avec des personnes âgées souffrants de troubles cognitifs et depuis 9 ans directrice d’un établissement médico-social de psychiatrie de l’âge avancé en Suisse.