Témoignage : La Méthode Montessori adaptée aux personnes âgées

Pour moi la Méthode Montessori adaptée aux personnes âgées était inconnue. Même si je connaissais d’une façon générale Maria Montessori et son parcours ce n’était pas facile de faire le lien avec les personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer. Ça pouvait presque toucher l’infantilisation de la personne âgée. En effet, je ne savais pas quoi attendre de cette formation mais je n’attendais pas beaucoup. Et quand on me disait « Il va falloir mettre les choses en pratique après la formation » Ah bon ! Mais quoi ?

La formation Montessori a donc été une surprise. Une très bonne surprise. J’ai vite compris que « «toutes ces petites choses » pouvaient effectivement signifier de « très grandes choses ». J’ai rapidement ressenti, d’abord d’une façon plus timide, ce « «déconfort », cette « agitation intérieure », cette volonté de faire et de changer. Et ces sentiments à la fin de la formation je ne pouvais plus les garder que pour moi.  En effet, celui qui nous avait dit « Va falloir mettre des choses en pratique après la formation », ne se trompait pas. J’avais besoin de libérer cette énergie, toute cette  motivation. Je voulais voir les effets de tous ces « petits changements ».

Le plus difficile au début c’était de trouver le temps. J’avais l’impression que le temps passait très vite pour toutes les choses qu’on voulait mettre en place et essayer. En fait c’est un processus plutôt lent. Il faut du temps pour mettre en place les stratégies nécessaires, pour trouver l’activité la plus adaptée. Il faut du temps pour que collègues et résidents s’adaptent à chaque nouvel investissement. Il faut du temps pour avoir des résultats. Il faut du temps pour tout recommencer si pour finir, l’activité n’a pas de sens pour la personne. Patience et persévérance. J’ai compris aussi que parfois, le chemin parcouru est plus important que le résultat. Le fait aussi que toutes les collègues n’aient pas été formées est une difficulté supplémentaire pour le suivi des activités.

Depuis la première formation cette nouvelle méthode m’a permis de vivre très belles expériences.

Mme S n’avait pas d’initiative et n’aimait pas être en groupe. Elle était souvent angoissée la journée et nous ne trouvions pas d’activités pour elle.  Souvent, Mme S ne finissait pas ses repas et pleurait beaucoup dans la journée. Pour les soignants c’était difficile d’avoir un contact avec elle car Mme S a perdu son français et n’aimait pas parler. La seule demande de Mme S c’était de rentrer au Chili, son pays d’origine. En pensant a ses capacités préservées et à son coté plutôt solitaire, je lui ai fait la  proposition d’écrire un livre sur le Chili et que je serai là pour l’aider.  Elle était d’accord.

 Depuis, chaque matin, la personne qui s’occupe de Mme S lui donne 2 feuilles qui l’aident à suivre son activité. La première lui réexplique l’activité qui était proposée et dans la deuxième elle trouve une question sur le Chili pour guider sa pensée. Toutes les informations sont écrites en espagnol, sa langue maternelle et aussi la plus présente. Après avoir demandé son aide et expliqué l’activité, le soignant pose ces feuilles sur sa table dans sa chambre. Mme S écrit dans la journée, quand elle a envie de le faire. Chaque soir un soignant passe pour reprendre les feuilles et pour la remercier pour son aide.

Pour que toute l’équipe ait la même façon de suivre l’activité, une check-list a été créée et annexée à sa carte de soins. Avec tous ses écrits, un livre avec des photos de son pays a été créé et une traduction en français est envisagée.

Actuellement Mme à le sourire, elle cherche les autres résidents et le personnel, participe aux activités, même celles qui sont faites en groupe. Mme S continue à écrire, même si on ne lui donne pas de consignes.

 Une nouvelle activité sera mise en place avec un nouveau thème que Mme S. a choisi : Les Voyages !

D’autres « petites choses » sont mises en place à chaque contact, spontanément sans même y penser comme : regarder dans les yeux, se mettre à la hauteur de son regard, se présenter, demander l’aide, offrir le choix, montrer comment faire.

Sans oublier que tout est activité !

Comme jeune infirmière cette formation m’a donné un nouveau regard sur l’autre et sur mon travail et a sans doute enrichi mon approche vers les résidents et donné plus de sens à chaque geste. Et à la fin, voir les résultats et être appelée par eux par mon prénom fait que chaque investissement à été récompensé.

Le plus étonnant ? On s’accroche ! Ce n’est plus possible de revenir en arrière.